Le PACS et les dettes de couple : mises en garde essentielles
Saviez-vous qu’une femme, après une rupture de PACS, a été contrainte de rembourser une dette fiscale de plusieurs millions d’euros contractée par son ex-partenaire ? Ce cas illustre une réalité méconnue mais lourde de conséquences : les partenaires pacsés sont solidairement responsables de certaines dettes, même en cas de séparation.
Bien que ce type de situation reste rare, il soulève des questions cruciales sur les droits et les protections financières des personnes pacsées. Revenons sur les règles juridiques encadrant ces situations, les risques associés, et les précautions indispensables pour éviter de telles déconvenues.
1.Comprendre la solidarité des dettes : ce que dit la loi
Selon l’article 515-4 du Code civil, les partenaires pacsés sont solidairement responsables des dettes contractées pour les besoins de la vie courante.
Cela signifie que chaque partenaire peut être tenu de rembourser une dette engagée par l’autre, même s’il n’en avait pas connaissance.
Toutefois, cette règle comporte deux exceptions importantes :
Les dépenses manifestement excessives : Une dette disproportionnée par rapport au train de vie du couple n’engage pas la solidarité, sauf si elle a été contractée avec le consentement explicite des deux partenaires.
Les achats à tempérament et emprunts : Ces engagements nécessitent le consentement des deux partenaires, sauf s’ils concernent des sommes modestes nécessaires à la vie courante.
Ces restrictions alignent progressivement le régime du PACS sur celui du mariage, réduisant ainsi les risques d’abus pour le partenaire non informé.
Le pacte civil de solidarité (PACS) est un engagement juridique offrant des avantages similaires à ceux du mariage, tout en restant plus souple. Cependant, peu de partenaires mesurent les implications financières, notamment en matière de dettes contractées par l’un d’eux.
2. Les risques financiers après la dissolution du PACS
La solidarité des dettes ne disparaît pas automatiquement à la fin du PACS. Les partenaires restent responsables des dettes contractées pendant la période de vie commune, sauf décision contraire.
Cela peut inclure :
• Dettes fiscales : Comme dans le cas mentionné, un redressement fiscal peut concerner les deux partenaires, même après la séparation.
• Emprunts bancaires : Les crédits contractés pour des biens ou projets communs restent à la charge des deux partenaires, sauf remboursement intégral ou accord spécifique.
Ces situations montrent qu’une séparation ne met pas nécessairement fin aux obligations financières communes.
Là où réside la difficulté, c’est que les notions de besoins de la vie courante ou de manifestement excessif peuvent être interprétées de différentes manières :
• Une dépense jugée raisonnable par l’un peut être excessive pour l’autre.
• Des emprunts modestes, mais cumulés, peuvent devenir insoutenables pour le couple.
Exemples
• Cas pratique n°1 : Un partenaire contracte un prêt pour acheter un bien immobilier pendant le PACS. Si l’autre partenaire ne se désolidarise pas officiellement du crédit, il peut être poursuivi par la banque en cas de défaut de paiement.
• Cas pratique n°2 : Un emprunt pour un voyage de luxe dépasse les capacités financières du couple. Cette dépense pourrait être jugée excessive, exonérant le partenaire non consentant de toute responsabilité.
4. Conseils pour protéger ses finances
• Transparence : Discutez des dépenses importantes avec votre partenaire avant de vous engager.
• Contrat de PACS sur mesure : Intégrez des clauses spécifiques pour limiter la solidarité financière.
• Vigilance lors d’une rupture : Assurez-vous de régler les dettes communes avant la dissolution du PACS.
• Conservez des preuves : Les juges s’appuient sur les documents pour évaluer si une dette est "excessive" ou "courante".
Conclusion
Le PACS offre des avantages légaux intéressants, mais il est crucial de comprendre les obligations financières qui en découlent. Une communication ouverte et des précautions juridiques adaptées permettent d’éviter des litiges coûteux.
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Maître Jessica AFULA,
Avocate au Barreau de Paris
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